Les Français d'origine sénégalaise sont davantage discriminés s'ils sont musulmans que chrétiens. C'est la conclusion d'une étude menée par trois chercheurs: Claire Adida et David Laitin de Stanford University et Marie-Anne Valfort de Paris I Panthéon Sorbonne, et publiée aujourd'hui par la French-American Foundation et Sciences Po.
Au départ, ces trois universitaires sont partis d'un constat. Si l'on sait que les Français d'origine maghrébine sont discriminés par rapport aux Français "de souche", on ne sait pas si cette discrimination se fonde sur leur affiliation supposée à la religion musulmane, ou sur leur origine maghrébine.
"L’objectif de cette étude est de lever l’ambiguïté", expliquent les chercheurs. Pour cela, ils ont réalisé un testing sur CV. "Trois types de CV ont été créés", résument-ils. Le premier est celui d’une candidate portant un nom et un prénom typiquement français: Aurélie Ménard. Les deux autres concernent des candidates portant le même nom de famille typiquement sénégalais (Diouf) mais des prénoms différents : l’une porte un prénom typiquement musulman: Khadija, l’autre typiquement catholique: Marie.
"En plus du prénom, nous avons introduit deux signaux supplémentaires d’appartenance confessionnelle liés au travail, bénévole ou non, pour des organisations religieuses, précisent les auteurs de l'étude. Ainsi, on peut lire dans le CV de Khadija qu’elle a travaillé quelque temps au Secours islamique et en tant que bénévole pour les Scouts musulmans de France, et dans le CV de Marie qu’elle a travaillé quelque temps au Secours catholique et en tant que bénévole aux Scouts et Guides de France".
Résultat: Khadija a 2.5 fois moins de chances d'obtenir un entretien d'embauche que Marie. Par ailleurs, "l'enquête montre, par ailleurs, que les musulmans ont un revenu mensuel inférieur de 400 euros en moyenne à celui des chrétiens".
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